Je fais assez rapidement cet article d’initiation sur la visualisation car vous verrez que j’y fais très souvent allusion. A mon avis, plus on commence vite et plus ça devient naturel et bénéfique à tous les niveaux.
Il ne s’agit pas d’un concept que j’ai inventé, mais plutôt que j’ai récupéré, car j’en ai entendu parler dans plusieurs disciplines différentes, y compris en musique. L’approche que j’en ai en revanche, est personnelle. De nombreux livres existent sur le sujet, mais pour moi il manque une étape d’initiation.
La première fois que j’ai entendu parler de visualisation et que je l’ai pratiquée, c’était à l’époque où je faisais du Kung-Fu. Pour travailler les Taolus (des enchaînements de mouvements codifiés), notre Maître nous avait conseillé de nous imaginer en train de faire les mouvements. Selon les personnes il était intéressant de noter que cette imagination pouvait être plus facile à la troisième personne, ou bien à la première, ou encore vu de dessus, parfois même selon les mouvements effectués cela pouvait varier.
Pour la première étape de la visualisation, je préconise de trouver quelle est la visualisation la plus naturelle pour vous. Prenez votre instrument et commencez à jouer puis fermez les yeux. Essayez alors de projeter une image mentale de vous, sans rien forcer. J’aime le fait d’être dans l’action pour aider l’imagination pour celles et ceux qui doivent encore la développer. Quand vous y arriverez vous saurez ce qui est plus naturel pour vous et c’est avec cet angle que vous commencerez. Tous les angles seront à développer plus tard selon moi, mais autant commencer par ce qui est facile, le chemin n’en sera que plus aisé !
Comment ça marche ?
Un point commun entre tous ces angles est la proprioception et son développement. Pour ceux qui ne connaissent pas ce terme, c’est un sens qui est aujourd’hui considéré comme le véritable sixième sens. C’est la capacité du cerveau à percevoir consciemment ou non, la position des différentes parties de notre corps. Fermez les yeux et levez votre bras, vous ne le voyez pas levé, mais vous savez qu’il l’est.
Oui, même pour les vues de dessus, ou à la troisième personne, les sensations corporelles sont toujours ressenties à la première personne. Quand vous regardez du sport, disons du saut en hauteur, n’avez vous jamais ressenti un petit vertige et une sensation de chute en voyant les athlètes ? Ce sont nos neurones miroirs, qui s’activent quand on voit quelqu’un faire quelque chose ou qu’on s’imagine le faire (vous voyez où j’arrive)
Or, il est fascinant de savoir que cette partie de notre cerveau ne sait pas faire la différence entre ce qu’on imagine et ce qu’on fait réellement. C’est cette partie qui prend le dessus quand on est en train de rêver et qu’on a vraiment l’impression d’y être. Cette zone assez primitive (d’un point de vue anatomique) a une influence très puissante sur nos actions.
Ainsi en toute logique, s’imaginer jouer parfaitement un morceau permettra de le répéter une fois de plus. En revanche ce n’est pas de la magie, il ne suffit pas de s’imaginer jouer le répertoire le plus compliqué pour venir soudain sur scène l’interpréter parfaitement . Ce n’est qu’un outil, très utile certes, mais pas un moyen de se passer de travailler !
La visualisation peut aussi être utile pour travailler sur le trac. Pourquoi s’imaginer jouer tout seul dans notre studio ou notre pièce de travail quand on peut s’imaginer jouer sur les plus belles scènes du monde avec une salle pleine à craquer ? Cela viendra plus tard, mais c’est une piste que je vous conseille d’explorer également.
La pratique
J’en étais resté au fait de déterminer notre mode de visualisation le plus naturel en jouant, avant de vous expliquer quelques principes théoriques. Passons à la pratique, il y a 7 étapes, 6 selon les instruments. Je recommande, tant que la dernière n’est pas maîtrisée, de reprendre à chaque fois du début, ça ira de plus en plus vite ne vous en faîtes pas. Quand le processus sera bien assimilé, et tant que vous garderez une pratique régulière, vous n’aurez plus besoin de tout refaire, ou bien vous pourrez sauter des étapes. Vous verrez cela est très progressif pour ceux qui vont vite, n’hésitez pas à avancer, mais soyez honnêtes et attendez d’y être vraiment arrivés avant de passer à la suite.
1. Jouez une gamme facile. Une fois que vous avez réussi à vous voir, vous sentir et vous entendre jouer, les yeux fermés, arrêtez d’émettre le son. Vous pouvez garder l’instrument en bouche si c’est le cas de la clarinette par exemple, les doigts sur l’instruments, ne changez pas la posture, continuez de bouger les doigts et imaginez votre gamme qui continue de résonner dans votre tête.
2. Recommencez sur plusieurs jours si nécessaire, cette première étape n’est pas la plus facile. Quelques minutes seulement à la fois, soyez patients. Une fois que vous vous entendrez vraiment en train de jouer votre gamme, vous pourrez essayer de retirer l’instrument de la bouche, gardez les doigts et continuez de les bouger (pour ceux qui ne sont pas concernés, sautez l’étape). Continuez à vous entendre dans votre imagination.
3. Etape suivante, retirez les doigts de l’instrument (posez le avec précaution pour celles et ceux qui le tenaient), les bras pendants naturellement le long du corps, continuez de les bouger et conservez toutes les étapes précédentes en tête. Pour ceux qui utilisent des pédales, retirez vos pieds et suivez les mêmes instructions.
4. Réduisez de plus en plus le mouvement des doigts jusqu’à les garder immobiles, mais continuez de les sentir bouger, à vous sentir jouer et à vous entendre. Vous pouvez commencer à vous amuser en changeant le tempo, ou les nuances, votre seule limite est votre imagination.
5. Vous pouvez vous assoir pour ceux qui étaient debout, vous lever pour ceux qui étaient assis, ou vous allonger. Bref, changez de position par rapport à votre habitude et reprenez le même travail, en imaginant votre posture en plus.
6. Ouvrez les yeux et marchez, préférablement chez vous dans un premier temps, ou alors dans un endroit pas trop fréquenté (pour ne pas rentrer dans les gens ni vous faire écraser), jouez votre gamme, imaginez la, avec toutes les variations possibles, le plus beau son dont vous pouvez rêver. Attention, de manière personnelle, je déconseille très fortement de pratiquer la visualisation en conduisant ou en maniant des outils dangereux.
7. Faîtes la même chose avec une phrase musicale, ou un morceau entier, cela fait travailler la mémorisation en bonus ! Amusez-vous encore à chercher des idées, osez la malaxer, la modifier, personne d’autre que vous n’entendra une faute de goût, en revanche, pouvoir tout changer en toute liberté vous permettra également de trouver des idées différentes et de faire mûrir votre interprétation.
Ce sera tout pour cette fois, il y énormément d’applications, de la vitesse de détaché à la correction de la posture, tout cela, je l’aborderai plus tard. Je voulais juste assez rapidement vous expliquer ce que j’entends par le terme de visualisation que vous retrouverez assez régulièrement dans mes articles.
Bonne pratique et n’oubliez pas de vous amuser !
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